Il y a quelques semaines nous avons commenté avec un ami un article qui parlait des gens qui courraient acheter des films exposés et non développés.
Pas plus tard qu’hier, des collectionneurs de diapositives achetées à la baie ou ailleurs nous racontaient à la TV leur collection et l’expo à venir.
On peut dire que désormais tout ce qui gravite autour du film devient sujet de surenchère et de circonspection.
En 2007 John Maloof a acheté aux enchères 30000 négatifs pour 400$ parce que leur propriétaire Vivian Maier, âgée de 87 ans, elle était dans l’incapacité de régler le loyer du box ou ses affaires elles étaient entreposées.
Deux ans plus tard elle décède, nous sommes alors dans la photographie en pleine révolution numérique.
Pendant ce temps Maloof achète d’autres lots, pour arriver à 100000 négatifs.
Il commence à vendre des tirages et à les exposer.
Après une première exposition en 2011 et un film en 2013 une reconnaissance posthume arrive, avec une exposition au Jeu de Paume entre autres et une rue à son nom.
Durant l’automne 2019, j’ai acheté aux Puces d’Aligre 3 boites de papier photo 24x30 marquées Venise 77, 78, 81 avec environ 1000 négatifs (5 rouleaux 135 et 75 rouleaux N&B avec des planches contact correspondant ou pas et quelques rouleaux 120 d’Ekta.
A l’intérieur des boites il y avait deux nécrologies de l’auteur des clichés.
Il est clair que je ne pensais pas à Vivian Maier(dont j’avais déjà vu le film et l’expo de 2014 à Paris) mais tout simplement, sauver une fois de plus de la benne et de l’incinérateur ces négatifs pour quelque temps encore.
Le fait que leur auteur avait fait l’école Lumière et il était cameraman de métier, étaient des arguments supplémentaires pour s’intéresser à ces négatifs, ensuite Venise sujet intemporel, méritait toute l’attention.
Après avoir trimballé lesdites boites toute la journée, le soir, le grand déballage a confirmé la justesse de l’achat, les négatifs ils étaient parfaitement exposés, les prises de vue intéressantes, leur traitement exemplaire.
Un travail préliminaire de classification réalisé, il a été suivi par le scanning qui a été interrompu par la « gripette » pour le reprendre fin 2021.
Derrière cette acquisition une série des questions surgissent.
Qui est Alexis Vorontzoff ?
Comment ces boites sont arrivées jusqu’aux puces ?
Dans quel cadre elles ont été réalisées ces photos ?
On tâchera de voir un peu plus clair ici.
AV à part de ce qui a été documenté dans ses nécros trouvées dans les boites, on a quelques traces de son travail dans les archives de l'Unesco, son nom apparait lié avec le musée de l’histoire d’immigration, ou il a fait don de certains documents qui ont appartenu à ses parents, accompagnés d’un texte ou il argumente son choix par le fait que le filleul ne s’intéresse pas à ces choses…
Entre autres, on découvre la carte syndicale CGT de chauffeur de taxi de son père, ex-colonel de l’armée tsariste auparavant et un carnet/journal tenu par sa mère pendant leur périple depuis la Russie, jusqu’en France.
On apprend sur le parcours des parents et comment Alexis a grandi et a été éduqué à travers ce texte, cependant de sa vie d’adulte on ne sait pas grand-chose.
De son parcours professionnel, quelques traces, au site Unesco crédité comme operateur, son livre il est toujours disponible en vente neuf ou d’occasion, quelques tirages avec son tampon ont fait surface dans un site d’enchères en ligne, dont un avec Ingrid Bergman, ce qui laisse supposer que d’autres ils ont récupéré peut être du matériel entreposé dans la rue, d’ailleurs en consultant le street map on voit un appartement en vente, à l’immeuble où il a dû vivre, coïncidence ?
Pas eu envie de creuser d’avantage ni d’aller à la rencontre des ayants droit.
Les boites achetées doivent faire partie d’un ensemble des choses qui ont dû être entreposés dans la rue ou aux poubelles et c’est là que le Roumain qui ne parlait presque pas français ou il n’a pas eu la volonté de s’étendre , a dû les récupérer.
3 boites isolées ?150000 négatifs comme chez Vivian Maier ?Qui sait ?Je suppose qu’il ne devait pas avoir que ces 3 boites, il se peut que le reste soit vendu ou récupéré dans la rue, ou alors parti en fumée dans un incinérateur.
Au nombre des prises de vue, on parle de 3 séjours et 70 rouleaux de 120, à la question usage personnel ou professionnel, loisir ou travail commandé, difficile à répondre, les deux se mélangent peut-être.
Que faire de ces négatifs et planches maintenant ?
Trier, référencer, documenter si nécessaire, (en regardant ces négatifs on apprend qu’un Pape éphémère -33 jours- il a été cardinal à Venise et félicité avec des affiches pour sa nomination…) et les classer après les avoir scannés.
Enfin, utiliser les scans pour extraire des séries pour les présenter et les faire vivre, rendre hommage à la personne qui les a réalisés.
A few weeks ago, we commented with a friend on an article that talked about people running to buy exposed and undeveloped films.
Just yesterday, collectors of slides bought at the eBay or elsewhere told us on TV about their collection and the upcoming exhibition.
We can say that now everything that revolves around the film becomes subject to one-upmanship and circumspection.
In 2007 John Maloof bought 30,000 negatives at auction for $400 because their owner, 87-year-old Vivian Maier, was unable to pay the rent for the box where her belongings were stored.
Two years later she dies, we are then in photography in full digital revolution.
Meanwhile Maloof buys other batches, to reach 100,000 negatives.
He begins to sell prints and exhibit them.
After a first exhibition in 2011 and a film in 2013 a posthumous recognition arrives, with an exhibition at the Jeu de Paume among others and a street in his name.
During the fall of 2019, I bought at Puces d'Aligre 3 boxes of 24x30 photo paper marked Venice 77, 78, 81 with about 1000 negatives (5 rolls 135 and 75 B&W rolls with contact sheets corresponding or not and a few Ekta- 120 rolls.
Inside the boxes were two obituaries of the author of the pictures.
Clearly, I was not thinking of Vivian Maier (whose movie and 2014 in Paris exhibition I had already seen) but quite simply, once again saving these negatives from the dumpster yet for a while.
The fact that their author had gone to the Lumière school and was a cameraman by trade, were additional arguments for taking an interest in these negatives, then Venice, a timeless subject, deserved all the attention.
After having lugged the said boxes all day, in the evening, the great unpacking confirmed the correctness of the purchase, the negatives they were perfectly exposed, the interesting shots, their exemplary treatment.
A preliminary classification work carried out; it was followed by the scanning which was interrupted by the "small flu" to resume it at the end of 2021.
Behind this acquisition a series of questions arise.
Who is Alexis Vorontzoff?
How did these boxes get to the fleas?
In what context were these photos taken?
We will try to see a little more clearly here.
AV apart from what was documented in his obituaries found in the boxes, there are some traces of his work in the archives of UNESCO, his name appears to be linked with the museum of immigration history, where he donated certain documents which belonged to his parents, accompanied by a text where he argues his choice by the fact that the godchild is not interested in these things...
Among other things, we discover the CGT (left wing syndicate) taxi drivers union card of his father, a former colonel in the Tsarist army before and a notebook/diary kept by his mother during their journey from Russia to France.
We learn about the path of the parents and how Alexis grew up and was educated through this text, however of his adult life we do not know much.
From his professional career, a few traces, to the UNESCO site credited as an operator, his book he is still available for sale new or used, a few prints with his stamp have surfaced in an online auction site, including one with Ingrid Bergman, which suggests that others may have recovered equipment stored in the street, moreover by consulting the street map we see an apartment for sale, at the building where he must have lived, coincidence?
3 isolated boxes? 150,000 negatives like Vivian Maier's? Who knows? I guess he shouldn't have only these 3 isolated boxes, it is possible that the rest was sold or recovered in the street, or went up in smoke in a incinerator.
Among the shots, we are talking about 3 stays and 70 rolls of 120, to the question personal or professional use, leisure, or commissioned work, difficult to answer, the two may be mixed.
What to do with these negatives and plates now?
Sort, reference, document, if necessary, (by looking at these negatives we learn that an ephemeral Pope -33 days- he was cardinal in Venice and congratulated with posters for his appointment…) and classify them after having scanned them.
Finally, use the scans to extract series to present them and bring them to life, to pay tribute to the person who made them.