Ces temps-ci on célèbre le cinéma au cinéma et la nostalgie est synonyme de souffrance.
Ceux qui ont vu Empire of light, Babylon, ou the Fabelmans peuvent comprendre ce dont je parle.
La pratique d’il y a 50 ans, aller voir un film en salle a progressivement disparu, de nos jours un film au bout de 6 mois est accessible en dvd, quelques grammes de polycarbonate et un écran de TV.
Le streaming a parachevé la tendance, en plus le fait que les plateformes produisent des films qui ne passent même pas en salle pose un autre problème existentiel.
Au milieu de la numérisation générale, il y a encore quelques réalisateurs qui se comptent sur les doigts d’une main qui font des films avec de la pellicule pour les quelques salles dans le monde qui restent encore équipées avec les projecteurs correspondants, sauvés de la destruction.
Être projectionniste à l’historique cinéma art et d’essai de la ville depuis des décennies, c’est d’avoir traversé ces états de l’industrie, on démarre avec les bobines de pellicule d’acétate, lourdes, fragiles, qu’il faut changer toutes les 45 minutes environ, qui nécessitent de 2 projecteurs pour enchainer, savoir couper et coller la pellicule lorsqu‘elle se casse et on finit avec un dvd, son lecteur et un ordinateur qui comptabilise via le Net le nombre de ses utilisations pour la maison de l’exploitation.
Mon pote a traversé tout ça, avec son amour pour le cinéma intact.
On a familiarisé au fur et à mesure que les années passaient, l’un effectuant son travail, l’autre assouvissant sa passion avec 60 films par an minimum, on finit par créer des liens, faut préciser aussi que dans une salle le caissier et le projectionniste c’est la même personne.
On s’est croisé pendant des décennies aux vide greniers, aux marchés aux puces ou encore dans les boutiques spécialisées chacun cherchant ses perles rares, parlant de cinéma au milieu de tout ça avant de migrer vers les cafés ou restaurants, enfin, en s’invitant à déjeuner à la maison et profiter par la même pour visionner un ou deux films au passage.
Être projectionniste de métier et collectionneur de dvd au point d’avoir la monomanie du polycarbonate c’est exceptionnel, et cerise sur le gâteau, l’environnement créé est extraordinaire, ça méritait qu’on s’attarde et que l’on mémorise.
Enfin, la musique qui accompagne les images est celle d’une célèbre émission TV, Cinéma de minuit, qui existe depuis 1976 contre vents et marées, composée par le pas moins célèbre et prolifique compositeur Francis Lai.
Musique et générique qui nous hypnotise et nous berce depuis presque 5 décennies.
These days we celebrate cinema in the cinema and nostalgia is synonymous with suffering.
Those who have seen Empire of light, Babylon, or the Fabelmans can understand what I'm talking about.
The practice of going to see a film in a theater 50 years ago has gradually disappeared; nowadays a film after 6 months is available on DVD, a few grams of polycarbonate and a TV screen.
Streaming has completed the trend, plus the fact that platforms produce films that don't even play in theaters poses another existential problem.
In the midst of general digitalization, there are still a few directors who can be counted on the fingers of one hand who make films with film for the few theaters in the world which are still equipped with the corresponding projectors, saved from the destruction.
Being a projectionist at the city’s historic art essay theater for decades means having gone through these states of the industry, we start with the reels of acetate film, heavy, fragile, that you have to change it every 45 minutes or so, which requires 2 projectors to sequence, knowing how to cut and paste the film when it breaks and you end up with a DVD, its reader and a computer which counts the number of its uses via the Internet for the operator house.
My friend went through all of that, with his love for cinema intact.
We became familiar as the years went by, one doing his job, the other satisfying his passion with 60 films per year minimum, we ended up creating links, it should also be noted that in a theater the cashier and the projectionist is the same person.
We met for decades at garage sales, flea markets or even in specialized boutiques, each looking for our rare gems, talking about cinema in the middle of all that before migrating towards cafes or restaurants, finally, by inviting you to have lunch at home and take the opportunity to watch one or two films along the way.
Being a professional projectionist and DVD collector to the point of having a polycarbonate monomania is exceptional, and the icing on the cake, the environment created is extraordinary, it was worth lingering and memorizing.
Finally, the music that accompanies the images is that of a famous TV show, Cinéma de minuit, which has existed since 1976 against all odds, composed by the no less famous and prolific composer Francis Lai.
Music and credits that have hypnotized and lulled us for almost 5 decades.